Un complément moderne au modèle des 5 blessures de l’âme de Lise Bourbeau
Et si certaines de nos souffrances les plus profondes ne trouvaient pas leur place dans le célèbre modèle des 5 blessures de l’âme de Lise Bourbeau ?
Avec la publication des 5 blessures qui empêchent d’être soi-même, Lise Bourbeau a permis à des millions de personnes de mettre des mots sur des mécanismes intérieurs puissants : rejet, abandon, humiliation, trahison, injustice.
Ces blessures, formées dans la petite enfance, influencent nos comportements, nos relations et façonnent nos identités à travers des “masques” de protection (fuyant, dépendant, masochiste, contrôlant, rigide).
Mais au fil des années, de nombreux thérapeutes, chercheurs et praticiens ont remarqué que d’autres formes de souffrances, tout aussi marquantes, échappaient à ce modèle.
Et si trois blessures fondamentales – l’intrusion, l’impuissance et l’insécurité – mentionnées dans les travaux originels d’Eva et John Pierrakos (fondateurs du Pathwork) avaient été laissées de côté lors de la simplification du modèle par Lise Bourbeau ?
Et si leur reconnaissance ouvrait la voie à une compréhension plus fine, plus complète et plus actuelle des mécanismes de défense que nous développons pour survivre ?
Pourquoi Lise Bourbeau ne les a pas intégrées ?
Lise Bourbeau s’est appuyée sur des observations cliniques et une volonté pédagogique forte. Elle a choisi un modèle accessible, structuré autour de cinq blessures majeures, chacune associée à un “masque” comportemental identifiable. Ajouter d’autres blessures aurait complexifié ce cadre et risqué de le rendre moins accessible au grand public.
Cependant, certaines souffrances humaines ne rentrent pas parfaitement dans ce schéma. Aujourd’hui, avec les apports des neurosciences et des thérapies du trauma, nous disposons d’outils pour nommer et explorer plus en profondeur ces blessures “oubliées”.
Voici trois blessures fondamentales trop souvent ignorées
1. L’intrusion : quand nos frontières ne sont pas respectées
Origines possibles :
- Parents intrusifs, contrôlants ou surprotecteurs
- Absence d’espace personnel (physique, émotionnel ou psychique)
- Expériences d’abus ou de violation de l’intimité (même sans violence physique)
Conséquences :
- Difficulté à poser ses limites
- Peur d’être envahi ou contrôlé
- Hypervigilance ou retrait défensif
Masque typique :
Le protecteur, le contrôlant anxieux ou le distant, qui anticipe en permanence une possible intrusion pour se défendre.
Cette blessure est fréquente chez les personnes ayant grandi dans des environnements fusionnels, intrusifs ou ayant subi des formes d’emprise.
2. L’impuissance : quand l’enfant ne peut rien faire
Origines possibles :
- Être témoin ou victime d’événements douloureux sans pouvoir intervenir (deuil, maladie, violence)
- Être privé de choix ou de moyens d’agir
- Évoluer dans un climat familial figé, où “rien ne change” malgré les efforts
Conséquences :
- Blocages face à l’action ou aux décisions
- Sentiment d’inutilité ou de passivité
- Peur de l’échec, tendance à la résignation
Masque typique :
Le résigné, l’effacé, ou l’hyper-adapté, qui évite de prendre des initiatives par peur d’aggraver les choses ou de revivre un sentiment d’impuissance.
3. L’insécurité : quand le monde semble instable et menaçant
Origines possibles :
- Environnement instable ou anxiogène (déménagements, conflits, précarité)
- Attachement insécurisant, parents stressés ou émotionnellement absents
- Ambiance familiale tendue, imprévisible, avec des menaces implicites incompréhensibles pour l’enfant
Conséquences :
- Anxiété chronique et anticipation du danger
- Besoin excessif de contrôle ou de dépendance affective
- Difficulté à se détendre ou à faire confiance
Masque typique :
Le sécurisant obsessionnel, le prévisionniste, ou l’organisateur anxieux, qui tente de tout maîtriser pour ne jamais être pris au dépourvu.
Un modèle enrichi, à la lumière des neurosciences
Le Dr. Stephen Porges, créateur de la théorie polyvagale, explique que notre système nerveux autonome est en quête permanente de sécurité. Lorsqu’un enfant n’évolue pas dans un environnement perçu comme sûr, il développe une hypervigilance chronique et des troubles de régulation émotionnelle. Ce n’est pas seulement de l’anxiété : c’est une blessure d’insécurité profonde, inscrite au plus intime du système nerveux.
La thérapeute Maggie Phillips, spécialiste du trauma et co-autrice de Freedom from Pain, va dans le même sens :
“L’insécurité n’est pas une émotion, c’est une faille dans l’enracinement du soi. Elle est souvent la plus difficile à repérer, mais aussi la plus marquante sur le long terme.”
Intégrer les blessures oubliées : pourquoi c’est essentiel
Reconnaître ces blessures, c’est :
- Mieux comprendre les souffrances silencieuses de nos clients ou patients
- Adapter nos accompagnements (hypnose, PNL, thérapies du trauma) à des vécus plus subtils ou plus complexes
- Donner du sens à des comportements souvent mal compris ou minimisés
Ces blessures ne remplacent pas celles de Lise Bourbeau : elles les complètent. Elles offrent une vision plus fine, plus actuelle, et résolument tournée vers l’individualisation de l’accompagnement thérapeutique.
Elargir sans opposer
Il ne s’agit pas de rejeter un modèle au profit d’un autre, mais de reconnaître que l’humain est complexe, mouvant, et que nos grilles de lecture doivent évoluer avec les découvertes, les pratiques et les réalités émotionnelles contemporaines.
Et vous ?
Vous reconnaissez-vous dans l’une de ces blessures oubliées ?
Et si, au-delà des masques déjà connus, se cachaient d’autres mécanismes de survie… à accueillir avec bienveillance ?
À lire pour aller plus loin :
- Stephen Porges – The Pocket Guide to the Polyvagal Theory
- Maggie Phillips & Peter Levine – Freedom from Pain
- Lise Bourbeau – Les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même
- Laurence Heller & Aline LaPierre – Guérir le traumatisme du développement
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